La descente aux enfers (Abigail)

J’avais eu une journée très difficile. Je venais d’enchaîner deux jours de garde non-stop. J’avais eu la gentillesse d’accepter de travailler en plus car nous étions en sous-effectifs, ces derniers temps. J’avais accepté notamment grâce au compliment de mon bon travail au sein du service des urgences du Memorial Hospital de New York. Je m’étais laissée un peu trop amadouée. Ces deux derniers jours ont été très difficiles pour moi. A la suite d’un carambolage, j’ai dû rester auprès d’une petite fille qui venait de perdre ses parents. A travers elle, je me retrouvais en partie. Je comprenais sa nouvelle solitude et le fait qu’elle soit perdue dans le monde agité des urgences. Lorsque je suis allée la voir en fin de matinée, elle avait disparu. J’avais appris plus tard qu’elle avait fait un arrêt cardiaque. Pourtant, elle se portait bien en début de journée. Je ne sais pas ce qui est arrivé mais son histoire m’a beaucoup touché. Pour ne rien arranger, j’avais reçu un coup de fil de mon ex-mari dans l’après-midi. Il voulait m’annoncer qu’il avait l’intention d’épouser sa maîtresse et qu’en plus de ça, elle était enceinte de lui. J’avais la nouvelle comme un coup de poignard en plein cœur. J’avais l’impression qu’il voulait m’étaler son bonheur et me dire que si j’étais restée, j’aurai été à la place de sa maîtresse, prête à donner la vie dans quelques mois. Pour moi, ce fut la nouvelle de trop. J’avais passé des journées assez difficiles. Je ne pouvais plus supporter la tristesse de ma vie. J’avais besoin de réconfort.

Après être rentrée chez moi, je me suis douchée. Je suis restée longtemps sous l’eau de la douche, prenant le temps de bien réfléchir car je ne voulais pas retomber dans mes démons. Au final, après une heure de douche, je suis sortie de la salle de bains, enveloppée dans mon peignoir et j’ai eu soif. Quand je parle de soif, je ne parle pas d’eau mais bien d’alcool. J’ai vite séché mes cheveux et je me suis habillée. J’ai regardé l’heure : il était 22h. Je suis sortie tel un zombie pour arriver devant le bar de mon frère. A part la fois où je l’avais rencontré lors d’une soirée d’enchères, je n’avais jamais eu l’occasion de lui parler. Lorsque je suis entrée dans son bar, on m’a tout de suite prise pour Abigail. Par contre, Aron n’était pas là. J’ai donc commandé plusieurs shots de vodka en me demandant si c’était vraiment une bonne idée. J’aurai pu appeler mon sponsor mais je n’avais pas le courage. J’étais fatiguée de la vie. Cela faisait bien 8 mois que j’étais sobre. Sans réfléchir, j’ai bu la vodka. J’ai continué jusqu’à finir tous mes verres. J’appréciais ce sentiment d’ivresse qui me faisait tout oublié. Dans un coin de la pièce, un micro était installé. Pris d’une envie soudaine de chanter, je me suis dirigée vers la scène pour commencer mon numéro. Ce que je ne savais pas c’est que le barman avait pris mon téléphone pour appeler mon numéro d’urgence à savoir le numéro de ma sœur jumelle.